Un jour, en me recevant un chef m’a dit: »[…] Vous êtes mon porte-parole. Cela veut bien dire ce que cela veut dire. Vous portez ma parole et uniquement la mienne. » Vive l’initiative!
Alors moi en repensant à cela et essayant de tirer des conclusions de la dernière campagne présidentielle, je me suis demandé si les porte-parole étaient des perroquets ou bien des pédagogues ou bien des étouffoirs.
Parce que j’ai vu un étouffoir. Le problème est que je sais plus de qui il était porte-parole. Il avait une autorité hiérarchique, il prenait la parole heure par heure, pendant qu’une équipe de policiers coincés en sandwich entre le politique et un assassin retranché dans son appartement. Quand une opération est menée, il y a certainement besoin d’un porte-parole. Mais d’un gars qui connaisse la technique, qui explique le plus possible ce que font ses copains. Là, il y avait un porte-parole qui étouffait la parole des acteurs de terrain et l’accaparait à son propre profit. On a dû penser que les policiers ne savaient pas parler. Mais le problème est que le ministre ne connaît pas vraiment, pas suffisamment le travail technique des policiers. IL ne parle pas en fonction de l’opération mais d’un autre agenda. Il devient donc un maillon gênant dans la communication…. des policiers. On a pu parler de récupération politique parce que justement le politique étouffait tout. La prise de parole du ministre est légitime mais pas au « contact ».
A mon sens, chaque niveau à son porte-parole. Chaque parole est à destination d’un public. Les publics peuvent se confondre mais on ne doit pas oublier, pour parler comme les commerciaux, de les segmenter. Chaque parole permet de renforcer l’autre. Il est vrai que cela demande de la subsidiarité et donc de la confiance. Subsidiarité nécessite aussi cohérence et continuité…
J’en tire la conclusion que la façon dont travaille un porte-parole est un bon indicateur de ces deux notions… et donc de la nature de la communication.
Lors de la campagne, je n’ai pas compris le rôle des porte-paroles. J’avais l’impression qu’il y avait les candidats, leur porte-parole et puis tous les autres qui détenaient la parole du chef. Je n’ai pas compris… Moi pas fait pour la politique. A moins que les mots n’aient pas de sens: dans porte-parole… ;-)), à moins qu’il ne devienne un titre symbole de la confiance du chef, de la même façon que sous l’ancien régime on pouvait faire des ducs et des comtes.
Alors un porte-parole c’est quoi? C’est quelqu’un qui parle de ce qu’il connaît… et parfois il vaut mieux faire parler quelqu’un d’autre de plus compétent et donc de plus crédible que de le faire. Le porte-parole est un pédagogue, un médiateur qui doit être capable de s’effacer et de rester en même temps vigilent. J’aime bien la métaphore du phare que l’on retrouve sur mon site (excusez pour la pub et l’autosatisfaction).
Le porte-parole c’est aussi le fusible du chef. Oui c’est ingrat sur le moment.
C’est aussi celui qui est au courant de ce que pense le chef et les chefs de ses chefs et les adjoints de ses chefs pour être capable de proposer des synthèses, mais surtout de saisir des occasions de prise de parole de façon décisive et autonome. Pas facile de savoir. Imaginez; le porte-parole est au contact des médias donc il est une source potentielle de fuite. Donc on le regarde de travers…
Bon d’accord il faudra que je vous fournisse le portrait du parfait porte-parole. Ce sera plus simple. Beau, vigilent, capable de s’adapter. Bref… j’attends qu’Hervé m’envoie une photo pas trop lourde; parce que celles que j’ai, je n’arrive pas à les désépaissir… Heuh moi pas connaître photoshop… Et puis je verrai si Hervé me lit 😉
Une belle brochette de porte-paroles au Kosovo qui travaillaient dans une respectueuse différence complémentaire. Merci à Hervé… ;-))